Agents publics, osez choisir votre voie professionnelle-Les Rencontres créActives de Corinne - CBR Conseil et Formation
Agents publics, osez choisir votre voie professionnelle-les Rencontres créActives de Corinne

Agents publics, osez choisir votre voie professionnelle-Les Rencontres créActives de Corinne

Transcription si vous préférez lire…
Bonjour à tous, bonjour à toutes,

Corinne Bombardieri-Roquier qui a le plaisir de vous présenter une nouvelle rencontre crécactive et dans un instant je vais vous présenter ma nouvelle invitée.

Alors, pour celles et ceux qui n’auraient pas encore tout à fait suivi la première rencontre, je vais peut-être repréciser ce que sont, ces rencontres réactives : donc c’est un concept que j’ai mis en place récemment qui a pour objectif en fait de vous apporter des témoignages de vécus professionnels sur des questions de changement de vie professionnelle, de transition de vie, de mobilité professionnelle.

Donc ce sont des personnes que j’ai eu le plaisir de rencontrer en accompagnement, en formation individuelle ou collective sur ces questions-là et qui acceptent d’apporter leurs témoignages sur comment elles ont franchi le cap du changement et comment elles ont construit progressivement ce projet de mobilité pour les amener au poste ou à la fonction qu’elles tiennent aujourd’hui.

Alors aujourd’hui, j’ai le grand plaisir d’accueillir une femme. Une femme que je qualifierais comme dynamique, courageuse, déterminée et audacieuse, parce qu’elle va vous raconter un peu les différentes étapes de son parcours.

Elle s’appelle Delphine, Delphine Chastre.
Bonjour Delphine.

Delphine : bonjour Corinne.

Corinne : Merci d’être là.

Delphine vous allez nous raconter un petit peu, votre parcours et alors, pour vous présenter juste en quelques mots et ensuite je vais vous laisser le faire vous-même.

Vous êtes cadre de la fonction publique territoriale. Vous avez intégré la fonction publique territoriale en 1992, donc tout un beau parcours jusque-là. Et vous avez en fait déjà vécu différentes mobilités puisque j’ai noté dans votre parcours que vous avez commencé en comptabilité, vous avez développé de nouvelles compétences en gestion administrative et financière, puis vous avez développé progressivement des responsabilités supplémentaires en prenant la direction adjointe et ensuite la direction d’un certain nombre de pôles, service de gestion administrative et financière. J’ai noté que vous avez des cycles à peu près de trois ans à quatre ans ?

Delphine : Oui c’est ça. C’est ça c’est assez cyclique.

Corinne : vous allez pouvoir le développer davantage,…et puis vous avez découvert un nouveau secteur d’activité : la restauration scolaire, et là vous avez occupé un poste d’adjointe de direction du chef de service de restauration scolaire donc pour un conseil départemental , le conseil départemental des Hauts-de-Seine, que vous avez rejoint en 2002. Et vous avez continué à faire évoluer régulièrement et progressivement votre carrière, votre parcours professionnel, toujours avec cette appétence pour le développement des compétences. En tout cas, c’est ce que j’ai lu à travers votre parcours. Et toujours cette idée de challenge aussi parce qu’on sent bien qu’il y a une femme de challenge derrière ce parcours- là.

Alors les dernières expériences que j’ai notées, c’est le pôle éducation sport et construction en qualité de référente RH.

Aujourd’hui vous avait quitté le conseil départemental, vous avez rejoint le conseil régional Île-de-France et vous occupez un poste à forte dimension RH donc référente RH où vous avez la responsabilité de la politique emploi de la région avec un portefeuille de lycée à suivre et à gérer et vous êtes en charge de l’élaboration du développement et de la diffusion de ces dispositifs de gestion des ressources humaines.

Est-ce que c’est bien ça ou est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur le poste que vous occupez aujourd’hui et sur le poste que vous occupiez au moment où vous avez fait cette bascule vers cette mobilité professionnelle ?

Delphine : en effet, c’est un parcours de plus de 25 ans de carrière que vous avez résumé en quelques minutes. C’est vrai que j’ai fait beaucoup de mobilité, même quand j’avais ma casquette de finances publiques puisque j’ai fait un BTS comptabilité et derrière mon BTS comptabilité, j’ai fait le choix de rentrer dans la fonction publique.

Voilà des choix un peu guidés par ma famille peut-être. En tout cas j’ai su rebondir tout le long de ma carrière sur des postes dans différents secteurs toujours dans la finance publique comme casquette générale, administration générale, administration publique.

Aujourd’hui j’occupe un poste de référent RH dans la région Île-de-France, j’ai un portefeuille de 22 lycées du sud parisien avec 450 agents à gérer au quotidien donc je gère, je balaye l’ensemble des domaines ressources humaines du recrutement jusqu’à la radiation ou en tout cas des effectifs, des agents. Et on gère tous les volets avec en plus une dimension de diagnostic d’organisation des lycées que j’ai en portefeuille. Je vise les lycées et je fais des préconisations du travail des agents et d’accompagnement des agents vers une nouvelle dimension de leur travail et de l’appréhension de leur travail au quotidien.
Il est difficile pour les agents d’avoir ce sentiment d’appartenance à la région puisque évidemment les lycées sont disséminés sur l’ensemble du territoire, donc on est un peu le pilier au quotidien de ce sentiment d’appartenance puisqu’on est leur seul référent, la seule porte d’entrée sur leurs questions RH au quotidien donc voilà un poste très très touffu.

Le dernier poste occupé au département des Hauts-de-Seine était donc un poste de responsable de l’unité RH du pôle Education-sport et Construction. C’est un poste que j’avais construit et proposé suite à l’accompagnement que j’avais fait sur mon changement de parcours professionnel.

Corinne : OK merci beaucoup pour ces précisions.
On sent bien l’enthousiasme de ce que vous vivez aujourd’hui et cet enthousiasme, j’ai envie de dire, vous avez contribué à le remettre en forme, à le réanimer, à le réactiver.
Est-ce que vous pouvez parler et expliquer votre cheminement ? Pour celles et ceux qui nous écoutent et qui nous regardent et peut-être qui se posent la question en tant que fonctionnaire ou de cadre du privé d’ailleurs : est-ce que j’ose, est-ce que je n’ose pas, est-ce que j’y vais, j’y vais pas ?

Il y a toujours cette période d’hésitation. Quand on s’est rencontré vous étiez aussi un peu dans cette dimension d’hésitation, parce qu’on a des acquis, on a aussi une zone d’expertise sur laquelle on peut s’appuyer.

Est-ce que vous pouvez nous dire, ce qui a été pour vous, au fond, l’élément déclencheur ? Qu’est-ce qui a fait, qu’à un moment donné, vous avez osé franchir ce cap du changement car c’est bien le sujet qui nous préoccupe aujourd’hui ?

Delphine : oui alors ce changement-là, il se fait quand même sur quelques années puisque la première fois qu’on s’était rencontré, Corinne et l’accompagnement qu’on avait fait ensemble, il s’est quand même passé une bonne année et demi.

Il avait fallu quand même 18 mois pour que tout germe aussi donc il faut quand même un certain temps. C’est vrai que, pour parler de ma propre expérience, j’étais arrivée à un point de ma vie où j’avais besoin de me lancer des challenges. Ma fille était grande, j’avais un peu, que moi à m’occuper quelque part et c’est vrai que, dans ma vie je recherche toujours un certain équilibre entre la vie professionnelle/ ma vie privée.

Il faut vraiment que je sois contente d’aller travailler le matin, que je sois contente de rentrer chez moi le soir. Et j’étais arrivée un petit peu au bout de mon expertise en finances publiques, j’avais fait plein de domaines différents sur les finances publiques j’avais travaillé dans le culturel, dans les services de travaux publics.

J’avais pu voir plein de domaines différents de la fonction publique en tout cas j’étais arrivée un petit peu au bout en me disant que, j’étais bien quand même dans le service où j’étais à l’époque quand j’ai commencé à mettre en place ce projet de changement professionnel. J’étais au service de la restauration scolaire, j’étais adjointe au chef de service de la restauration scolaire du département 92 avec une mise en place de délégation de service public externe. Ce dossier était très intéressant et très enrichissant au quotidien et professionnellement ; ça m’a vraiment beaucoup apporté.

J’étais dans une très bonne ambiance de travail, une équipe très bienveillante. Mais je commençais à percevoir que j’arrivais un peu au bout des choses et là, je me suis mise à me dire, voilà, tu as 45 ans, aujourd’hui, c’est le moment peut-être d’opérer un changement.

Plan A, plan B, j’avais déjà ces choses dans la tête. Le plan A : c’était vraiment de me performer en finances publiques, quitte à passer un Master en finances publiques, quelque chose qui me permette de franchir un cap dans la finance publique pour  peut-être, devenir directeur des finances publiques. Pour prendre vraiment une autre dimension dans une commune par exemple. Ou alors vraiment changer de métier, ça c’était le plan B à l’époque. J’ai commencé un petit peu à imaginer comment je pourrais voir cette vie professionnelle. C’est, à ce moment-là, vraiment que je me suis dit : « qu’est-ce qui existe ? quels sont les outils à ma portée aujourd’hui pour que je puisse envisager un changement professionnel ?

Sachant que je suis fonctionnaire titulaire donc je savais que j’avais un statut qui me le permettait, un statut protecteur, je n’avais pas grand-chose à perdre non plus à essayer  d’enclencher ça. A l’époque, j’étais dans une collectivité qui nous aidait beaucoup aussi sur l’accompagnement parce qu’il commençait quand même à émerger cette notion de gestion prévisionnelle des emplois et compétences, de changement. La masse salariale des collectivités fait qu’aujourd’hui, il faut penser en interne, il faut repenser les métiers des agents en interne, parce que les collectivités sont quand même en difficulté pour recruter beaucoup de monde. Donc voilà ce sont vraiment mes idées de départ.

Corinne : OK alors justement, voilà vous l’expliquez bien. Il y a eu ce moment de questionnement par rapport à ce que vous faisiez à ce moment-là, un poste qui était tout à fait riche et qui ne manquait pas de diversité, mais vous aviez envie de passer à autre chose.

La décision, le moment où vous avez décidé que c’était le moment de s’engager dans un processus de changement ?

Est-ce que vous sauriez y revenir pour rembobiner le film un instant et expliquer à celles et ceux qui nous regardent et qui nous écoutent, la décision ? votre décision, elle a porté sur quoi ? Qu’est-ce qui fait qu’à un moment donné, vous vous êtes lancée ?  Vous vous êtes engagée ? Parce que ce n’est pas simple, cette prise de décision qui consiste à dire : là maintenant, je le fais. J’arrête d’y penser, d’y réfléchir, j’y vais.

Delphine : pour moi, vraiment l’élément déclencheur, c’est que j’en parlais un peu autour de moi, auprès des gens qui me connaissent bien. Ces personnes me disaient : « on sent bien que tu vis quelque chose de nouveau, tu as besoin de trouver ton équilibre ».C’était une réflexion et des remarques que j’entendais tout le temps. Les gens me disaient : « c’est bien de rester dans l’intention mais un moment il va falloir passer à l’action. » C’est vrai qu’il m’a fallu du temps mais après quand vous m’avez accompagnée, Corinne sur toutes ces réflexions autour de la mobilité professionnelle autour des changements professionnels, que vous m’avez donné des outils pour me permettre de réfléchir sur mes cercles de vie…

Je me suis dit, en fait, aujourd’hui, j’ai tout ce qui me permet de me mettre en action. Je n’ai aucune excuse pour ne pas le faire, en tout cas je n’ai aucun frein pour le faire, je n’ai plus aucun blocage. Les blocages, on en avait parlés lors de vos accompagnements donc on les avait levés et ils étaient totalement assumés à ce moment-là. Et là je me suis lancée dans mon plan d’action et j’ai engagé une action, sans me mettre de pression, je n’avais aucune raison de me mettre de pression, j’avais un travail, un poste qui me convenait totalement donc, en plus, j’étais quand même dans de très bonnes conditions pour le changement.

Je pense qu’il est très important pour engager ce type de démarche d’être quand même très bien en tout cas et physiquement et psychiquement, dans son environnement familial ou de travail pour entamer ce processus. Cela demande beaucoup d’énergie parce qu’il y a quand même des peurs même si on est fonctionnaire et qu’on se dit qu’on ne craint pas grand-chose, mais c’est quand même quelque chose de quitter 25 ans d’un métier même si, il y a, aussi, des compétences transversales.

Ça aussi ce sont des éléments, des outils qui nous aident. Il faut prendre confiance en soi surtout. Donc tout ça, il faut que ça germe et une fois que tout ça est mis en place, moi, en tout cas, j’avais tous les outils pour me dire : «  allez Delphine maintenant c’est le moment, tu peux prendre un tournant dans ta carrière, c’est maintenant qu’il faut le faire en tout cas à 45 ans parce que la vie est courte. »

Il reste encore un peu de temps à travailler et il faut se lancer et de toute façon je n’avais pas grand-chose à perdre, gardez toujours en mémoire que j’avais un métier quand même de base.

Corinne : J’ai envie de rebondir sur ce que vous nous dîtes là Delphine parce que ça parlera à beaucoup de monde. « je n’ai pas beaucoup de choses à perdre, c’est déjà une vision positive des choses. Tout le monde n’a pas forcément cette vision là, au moment d’enclencher le changement. Vous avez parlé de quelque chose de très humain, on est tous passé par là : les peurs.

Le changement, ça peut être réjouissant, très rafraîchissant, très attrayant et en même temps, ça fait peur et on a tous nos peurs.

Si vous aviez à mettre un ou deux mots sur celles, qui vous ont un peu freiné, vous ont empêché de passer à l’action ?

Celles qui vous ont fait un peu douter à un moment donné ? C’était quoi ?

Ce n’était pas la peur de perdre votre métier puisque (vous venez de l’expliquer), quoi qu’il en soit votre métier, vos compétences vous les gardiez, mais elles étaient plutôt situées où ces peurs ?

Delphine : des peurs familiales parce que voilà j’ai une famille, surtout un papa fonctionnaire qui m’a mis sur les rails de la fonction publique. J’avais toujours un peu peur parce qu’à chaque fois que je changeais, (je changeais à peu près tous les trois ans en moyenne de poste). C’est vrai que ma famille ne comprenait pas toujours : « mais pourquoi tu as toujours besoin de changer comme ça, tu ne peux pas rester ou tu es, après tout tu es bien, tu touches ta paie tranquille. »

Sauf que moi, ça ne me convenait pas, donc j’étais restée dans ce schéma- là, j’avais un petit peu peur d’affronter, même à 45 ans, le regard de mon père, de lui dire que je  ne voulais plus être dans la finance publique, je voulais faire de la RH.

Pour moi, c’était un de mes plus grands freins. J’ai travaillé là-dessus évidemment pour m’aider à assumer. J’ai développé des outils sur la confiance en moi. Je me suis développée personnellement, j’ai pris conscience de ce que j’avais dans les mains et de mon projet. J’ai fait des ateliers de développement personnel sur la confiance en soi, j’ai travaillé beaucoup sur mes compétences transversales, je me suis fait aider par des chargés de recrutement. J’ai parlé de mon projet à des chargés de recrutement, à des chargés de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Comprendre si j’avais le profil, comment je pouvais mettre en place …et une fois que j’avais toute la caisse à outils et un peu de confiance en soi, je me suis dit voilà après tout je vais tenter ma chance et on verra bien.

C’est vrai que les premiers CV qu’on lance sur un nouveau métier, on balbutie un peu, on a des échecs, forcément. Mais je ne me suis pas découragée pour autant. Je me suis accrochée, je me suis dit un moment. Je veux avoir l’opportunité de saisir quelque chose pour me diriger vers ce que j’ai envie de faire. Et en contrepartie, en tout cas en parallèle de ce temps- là.

J’ai continué à me former. Dans ma collectivité, on avait quand même la chance de pouvoir partir beaucoup en formation sur des domaines qui n’étaient pas forcément notre cœur de métier. En expliquant que j’étais dans une démarche de changement de métier, que j’avais été en plus accompagnée par vous, Corinne, ça m’a permis d’ accéder à des formations qui ont pu compléter mon parcours, mon nouveau parcours professionnel et j’ai pu après, mettre en avant sur mon CV pour postuler à la Région Ile de France par exemple.

Corinne : alors là, Delphine, vous mettez le doigt sur quelque chose d’hyper fondamental, que je n’arrête pas d’évoquer dans les propositions que je fais en accompagnement. C’est savoir bien s’entourer, ne pas se laisser influencer par les pensées nuisibles même quand elles viennent de nos proches voire très très proches, les fameuses pensées limitantes, nuisibles etc. qui devraient vous dire quelque chose on y avait un petit peu travailler ! 

Et surtout se donner les moyens de construire son projet parce que, au fond, ce que vous venez de nous expliquer, Delphine, c’est une des clés de construction du projet. La formation, l’accompagnement, la remise en question un peu personnel à travers votre exemple. En tout cas, vous vous êtes donnée les moyens d’aller chercher autre chose : de l’accompagnement, du développement personnel, les petits outils qui vous manquaient peut-être à ce moment-là pour muscler ou booster votre confiance en vous.

Donc c’est intéressant parce que vous êtes en train de nous dire (et vous l’avez évoqué deux fois de suite) que vous avez eu besoin d’une boîte à outils, des outils pro et perso à mettre en place. Et parfois beaucoup plus qu’on ne peut l’imaginer du côté perso d’ailleurs avant d’envisager une transition professionnelle.

Merci pour ces quelques clés que vous livrez là parce que c’est vrai que ça ne fait pas forcément parti des automatismes.  Les personnes qui nous regardent et qui seraient en train de réfléchir à une éventuelle transition, n’auraient peut-être pas pensé voir les choses sous cet angle- là.

Ce que j’ai envie de vous demander aussi , c’est …vous avez avancé dans votre projet de changement qui se met en place, vous allez vous former, vous recommencez à prendre confiance en vous, vous vous entourez de personnes aidantes et ressourçantes , tout pour vous donner les outils qui vont bien.

Hélas, j’ai envie de vous dire la motivation il faut qu’elle tienne dans le temps. Parce qu’on peut connaître aussi des hauts et des bas, des moments de découragement, des moments de fatigue aussi parce que comme vous l’avez dit, le changement demande de l’énergie, mais c’est une énergie qui va nous en donner aussi d’autre.

Donc ma question, c’est …Quelle a été votre recette ? Les ingrédients qui vous ont permis effectivement d’avoir une vision positive de la chose ? qu’est-ce qui vous a permis de vous dire : «  j’y vais, je persiste, même dans les moments difficiles, de découragement, je tiens le cap. » C’étaient quoi pour vous les ingrédients pour tenir le cap ?

Delphine : moi je me rappelle qu’à l’époque je regardais beaucoup le marché du travail dans la fonction publique parce que pour le moment je n’ai pas l’intention de quitter le secteur public, ça viendra peut-être un jour ou ce sera peut-être une prochaine étape. Mais je regardais beaucoup le monde du travail, quand je regardais les annonces proposées dans les différents supports, je me disais qu’il y avait un bassin d’emploi sur ce que j’avais envie de faire. Mon but, c’était de devenir responsable d’une GPEC dans une collectivité, mettre en œuvre mon parcours, en faire profiter aussi les autres et mon expérience etc. accompagner les agents vers de nouvelles compétences.

Je regardais un peu ce marché et je me disais il y a vraiment beaucoup de travail, il y a vraiment des choses à faire, c’est une vraie question de management d’aujourd’hui, c’est vraiment des questions d’actualité qui vont perdurer je pense.

Je me suis dit, il y a vraiment quelque chose-là, il doit y avoir besoin de gens dans ce domaine-là et j’ai tout à fait ma place la dedans !

Je ne sais pas combien de temps ça prendrait, je ne suis pas dit je vais devenir demain gestionnaire RH en deux mois. Je savais que ça allait prendre du temps, qu’il y aurait peut-être des échecs, des retours de candidatures négatives…je le savais, mais je savais aussi qu’un jour l’opportunité se présenterait.

Petit à petit, c’est vraiment accepté des fois de sortir de sa zone de confort, accepter de faire des sacrifices, accepter des choses, pour parvenir à son projet parce que je pense que la Région Ile de France n’est qu’un cap. Ma carrière va encore continuer peut-être pas sur des cycles de trois ans parce que je suis sur un nouveau métier mais je vais me pérenniser un peu plus. Je sais que, ce sont des étapes et il faut l’accepter. Il ne faut pas aller trop vite, tous les jours, petit à petit,  voilà tous les jours, j’engrangeais des choses qui me permettaient d’avancer et je savais qu’un jour il y aurait quelque chose qui allait se présenter. Et c’est ce qui s’est passé.

Corinne : alors merci pour ces précisions parce que c’est ce que ce qu’on appelle dans notre jargon de coach, la stratégie des petits pas. Step by step comme on dit et vous venez bien de l’illustrer à travers votre parcours personnel, pas de précipitation, pas d’ambition démesurée trop vite.

Delphine : il faut rester humble en fait.

Corinne : est-ce que cette envie, ce projet professionnel que vous commenciez à toucher du doigt, cette envie d’aller au RH, d’approfondir cette compétence RH que vous aviez déjà un peu touchée du doigt précédemment, est-ce que c’est quelque chose que vous avez rêvé ?

Le mot est peut-être un peu fort, mais est-ce que vous avez visualisé, vous avez désiré, vous avez imaginé ce projet ? Parce qu’on insiste beaucoup là-dessus dans la construction des projets sur l’idée de visualiser d’abord : avoir une vision de ce, vers quoi on veut aller. Qu’est-ce que vous en pensez ? C’est quelque chose qui vous a aidé ou pas ? Ou alors vous n’êtes pas du tout passé par là ?

Delphine : j’essaye de ne pas trop idéaliser parce que j’ai peur d’être déçue. Moi je sais que ma carrière m’appartient. J’essaie de faire en sorte que le poste que j’occupe, ce soit moi qui le fasse donc j’y apporte mon savoir, mes acquis, je m’enrichis des acquis des autres, de l’expérience de mes collègues au quotidien.

C’est vraiment comme ça que je construis mon poste, je l’idéalise un peu tous les jours mais je ne me fais pas d’illusion parce que j’ai une expérience aussi, donc je sais comment ça fonctionne un peu partout, je sais que ce n’est pas idéal que ce n’est idéal nulle part, il y a aussi des choses qui sont compliquées.

Mon idéal de vie évidemment ?  je l’ai mon idéal de vie professionnelle, je l’ai en tête, j’espère un jour l’atteindre car même, si je ne l’atteins pas, je sais que le chemin aura été quand même très enrichissant et que ça m’aura apporté beaucoup de choses.

Si un jour je me retourne sur ma vie professionnelle, je me dirai : « tu peux être contente et fière de ce que tu as accompli. »

Corinne : et je l’ai fait !

Delphine : oui, je suis très fière de ça.

Corinne : vous pouvez Delphine ! 

Et moi, j’aime bien quand vous dîtes que votre carrière vous appartient. C’est très fort, et quand on a compris ça, on a déjà pas mal de bille, si je peux me permettre, dans son panier, pour avancer dans un parcours de vie pro et perso parce que, sur le perso on peut reprendre le même schéma.

Delphine, on arrive un peu au terme de notre échange mais j’aimerais encore vous demander : si vous regardez un peu dans le rétroviseur, au fond, qu’est-ce que vous avez gagné à le faire ? À aller jusqu’au bout du bout et à concrétiser votre projet de changement avec le poste que vous occupez aujourd’hui ? Qu’est-ce que vous avez gagné à le faire avec le recul ? Est-ce que c’est un bon choix ? à priori, vous nous avez donné des éléments pour penser que c’est un bon choix mais si vous considérez que c’est un bon choix, pour quels bénéfices, vous avez gagné à le faire ?

Delphine : tellement de choses !

Déjà le domaine des ressources humaines, il y a beaucoup de gens qui idéalisent les ressources humaines, il y a beaucoup de gens qui veulent faire des ressources humaines. Lorsqu’on discute avec des collègues, les gens disent que les ressources humaines, c’est intéressant sauf qu’on ne sait pas vraiment ce qu’il y a l’intérieur des ressources humaines, on s’en fait du coup un très grand idéal.

Moi, j’ai travaillé sur cette notion-là. Je voulais savoir ce qu’il y avait derrière.

Alors ça n’a pas toujours été facile ça a été un peu dans la douleur quand même parce qu’un jour, j’ai coupé les choses, j’ai dit aujourd’hui « tu tentes les ressources humaines ».

J’avais eu une petite transition entre mon poste à la restauration scolaire et mon poste à la Région Île-de-France où j’avais proposé mes services pour monter une unité RH pour l’éducation sport et construction. Il y a eu une réorganisation entre-temps donc je n’ai pas pu mettre tout en place.

J’étais vraiment un peu en mouvance comme ça un peu sur des sables mouvants un peu tous les jours. Ca a été très challengeant, quand je me suis présentée à la Région Île-de-France. J’étais vraiment tellement sûre de mon projet que j’ai eu une réponse quasiment immédiate. On vous prend en tant que référent RH.

C’est vrai qu’aujourd’hui même si, j’ai changé de métier et qu’il a fallu que j’abandonne les finances publiques même si en RH il y a quand même des notions de finances publiques, il y a le budget derrière, donc je ne lâche pas ma première casquette.

Mais en tout cas je n’y ai rien gagné financièrement, je travaille beaucoup plus aujourd’hui, j’ai des semaines qui sont hyper remplies, je gère 450 agents donc ce n’est pas rien ça c’est quand même une mini entreprise on est des mini DRH quand même.

Mais alors qu’est-ce que j’ai la pêche !  ça me donne le sourire même si je suis fatiguée je suis même des fois épuisée. On peut le dire mais d’apprendre tous les jours, ça m’apporte vraiment un super équilibre.

Et quand les gens me demandent et mes amis autour de moi : « alors tu travailles beaucoup plus qu’avant, tu as la tête tout le temps dans le guidon ! « 

Oui mais ce n’est pas grave parce que ce que je suis en train d’engranger des tas de compétences qui vont tellement me servir après, je n’ai aucun regret !

Corinne : ça c’est clair, c’est affirmé il n’y a pas de discussion possible là-dessus.

Delphine, oui, il faut vraiment savoir où on va, une fois qu’on sait où on va, on met les choses en place. Il n’y a aucune raison de regretter, comme je l’ai dit tout à l’heure, je n’avais pas grand-chose à perdre. J’ai un statut protecteur donc je me suis dit que si ça ne marchait pas, je reviendrais sur mes premiers amours et il se trouve que je suis vraiment très bien. Je ne regrette absolument pas ces trois dernières années, il m’a fallu presque trois ans pour atteindre le poste où je suis aujourd’hui qui est un tremplin c’est une marche.

Corinne : c’est bien de préciser le terme aussi on parlait des stratégies de petits pas tout à l’heure, important de ne pas donner l’illusion que ça va se faire en claquant des doigts.

Delphine : non il faut vraiment bien réfléchir à tout ça.

Corinne : et pour terminer si vous aviez un ou deux conseils précieux à partager avec toutes celles et tous ceux qui nous écoutent, qui nous regardent, qui hésitent, qui sont dans ce questionnement, dans ce doute : est-ce que je change, je ne change pas ? Je me lance dans une transition de vie professionnelle ou pas ? Un ou deux conseils à partir de vos ressentis et de vos expériences ?

Delphine : alors moi, je suis souvent interrogée sur mon parcours, on me pose toujours un peu la question. Voilà toujours ce que je dis et on me demande souvent des conseils parce qu’on sent que les gens autour de nous ont toujours un peu cette envie de changement à certaines étapes de leur vie.

Je leur dis toujours cette phrase. C’est la grande phrase que tout le monde connaît :

« Pour savoir où on va, il faut savoir d’où on vient et qui on est »

Je pense que c’est important au moment où commence un peu à émerger cette notion de changement, de savoir dans sa vie peut-être presque plus perso que pro, savoir où on n’en est. Je pense que si on n’a pas de soutien, si on n’a pas quelqu’un qui nous soutient, c’est difficile. Moi il se trouve que j’étais toute seule. J’étais ma meilleure amie à l’époque. Je pense que c’est important vraiment de mettre à plat sa situation actuelle parce que vraiment enclencher un changement, une transition professionnelle alors qu’on n’est pas bien dans sa vie perso, je pense que ce ne serait qu’une fuite en avant et pas vraiment un vrai projet.

Il faut prendre conscience que c’est un vrai projet personnel avant tout. C’est vraiment le premier conseil.

Le deuxième conseil, c’est aussi d’être toujours un petit peu à l’affût des opportunités. De ne pas hésiter à aller saisir et à proposer ses services comme vous l’avez dit d’ailleurs, conseillé Corinne, très justement. C’est ce que j’ai fait quand j’étais à la restauration scolaire, même si j’étais bien dans mon poste, il y avait une unité RH qui se montait, je sentais qu’il n’y avait pas grand-chose que c’était une coquille vide en fait, je ne savais pas trop quoi en faire, j’ai pris rendez-vous avec le DGA, j’ai fait en sorte de pouvoir lui proposer mes services, il a accepté et c’est comme ça que ça a démarré. J’ai saisi cette opportunité-là.

3ème conseil : il faut aussi accepter nos peurs, je sais que ce n’est pas facile. Il faut accepter de sortir un petit peu de ces zones de confort et d’accepter des coûts, des sacrifices. Pas trop demander, c’est vraiment petit à petit c’est vraiment le petit chemin qui amène vers un grand objectif de vie.

Corinne : Merci beaucoup, on sent l’enthousiasme et la sincérité de ce que vous dîtes. Merci beaucoup pour votre témoignage Delphine.

Juste pour terminer : si vous avez apprécié la rencontre créActive que nous venons d’avoir avec Delphine, vous pouvez laisser un commentaire, un like, une question, quelque chose en bas de cette vidéo.

Je rappelle donc que je suis Corinne Bombardier Roquier, CBR conseil et formation et vous avez la possibilité de me suivre sur mon blog, sur mon nouveau site Internet

https://cbrconseil.fr

sur les réseaux sociaux également, ma page Facebook pro et mon profil LinkedIn.

Et si vous le souhaitez aussi, je suis prête à répondre à vos questions, à vos interrogations. Je propose à l’heure actuelle de vous écouter pendant une demi-heure en entretien découverte, entretien conseil gratuit au téléphone ou par Skype pour voir dans quelle situation vous êtes, voir ensemble comment nous pourrions éventuellement travailler ensemble.

Corinne : je vous remercie beaucoup Delphine, merci à toutes celles et tous ceux qui ont bien voulu nous suivre jusqu’au bout. Delphine, je vous souhaite plein de nouvelles compétences à acquérir et vous est bien partie sur ce chemin là, plein de jolis challenges à relever dans votre activité professionnelle et plein de jolies choses pour cette nouvelle période professionnelle.

Delphine : vous y êtes pour beaucoup, Corinne je vous remercie vraiment. Vous êtes vraiment un élément moteur dans toute cette transition-là. C’est vraiment une super rencontre et vous avez été un super élément déclencheur, je le dis souvent, donc merci beaucoup.

Merci à vous. À bientôt au revoir à tous.

Corinne Bombardieri-Roquier

Corinne Bombardieri-Roquier est formatrice, consultante RH et Management et accompagnatrice aux transitions de vie professionnelle. Professionnelle expérimentée en psycho-sociologie, elle accompagne les organisations publiques et privées depuis plus de 20 ans dans la professionnalisation de leur pratiques managériales et à la conduite du changement. Formée à différentes approches d'accompagnement de la personne et des groupes, elle met son expertise au service des femmes et des hommes pour les aider à révéler leurs potentiels et oser choisir la voie du sens.

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